C’est acquis, depuis le 6 mai au soir, François Hollande a su restaurer le système
républicain, mis entre parenthèses par un président dont la dangereuse dérive
fasciste n’avait échappé à personne. En restaurant la simplicité, la dignité et
l’honnêteté, le nouveau président inaugure son quinquennat sous les meilleurs
auspices. La France a enfin trouvé l’homme de la situation, enfin, le croit-elle…
Les journalistes de l’audiovisuel, de la presse écrite et parlée, avec les amuseurs
et les guignols ont finalement gagné le combat de mort politique qu’il avaient engagé
contre Nicolas Sarkozy, dès son élection en 2007. De façon intéressante, ces
hommes d’affaires propriétaires d’organes de presse, de Pierre Bergé, à Matthieu
Pigasse en passant par Xavier Niel, sans oublier Edouard de Rothschild sont des
représentants achevés du système capitaliste, que les journaux qu’ils possèdent
affectent de combattre.
La chaîne Canal Plus, création socialiste du début des années 80, est une
machine à cash avant d’être l’emblème d’une certaine sub-culture (la chaine
des beaufs qui se croient de gauche). A part l’ignoble Figaro, qui se complaît
dans la contre-révolution et qui a ce titre doit être châtié, la grande majorité
de la presse française, écrite ou audiovisuelle, a su mener de main de maître un
combat pour les valeurs de son camp. Multi-culturalisme, communautarisme,
pacte républicain, lutte contre l’intolérance, affirmation des valeurs
environnementales, l’audiovisuel public et privé ont su embrasser les nouvelles
valeurs du nouveau peuple de gauche et d’une époque post-moderne.
Le plus extraordinaire est qu’une partie des Français ont adhéré à ce ‘sarko-
bashing’ qui tenait lieu de pensée à la gauche française. Surtout, l’audiovisuel
public a pris clairement parti, et l’un de ses animateurs emblématiques, Laurent
Ruquier, a clairement lié son taux d’audience -bon – avec le droit d’afficher
des opinions personnelles. Mieux encore, en choisissant Audrey Pulvar, compagne d’un
candidat socialiste aux Primaires, maintenant « ministre du redressement productif », ministère aussi pédant que celui qui le dirige, il a rabaissé le niveau de son émission et réussi à la rendre ennuyeuse malgré des scandales à répétition.
Les intérêts personnels, les ambitions et l’affairisme ont désormais permis une
mainmise sur l’appareil d’état, sur l’information, sur les relais qu’ils soient dits
représentatifs, ou cooptés, voire achetés. Ce n’est pas nouveau, cela ne date
pas de l’arrivée de la nouvelle administration, mais il n’y a pas de doute qu’elle
s’arrangera pour rattraper le temps perdu. Initié sous François Mitterrand, ce
capitalisme à visage ‘social/iste’ fut en réalité le combat de la grande distribution
et des intérêts financiers contre les classes moyennes traditionnelles. C’est bien
des années 80 que date le sentiment de déclassement des professions libérales,
de l’artisanat, des indépendants en général.
Depuis 1981, le même personnel politique, appuyé par la même administration,
s’est contenté de naviguer a vue sans le moindre souci de l’avenir du pays, de son
évolution et de sa place réelle dans le monde.
Les 30 à 35% d’électeurs socialistes, chiffre régulier depuis le début des années
80 correspondent en fait à ce service public embourgeoisé, correspondant assez
exactement aux effectifs de salariés ‘protégés’.
Sans remonter au delà des trente dernières années, le grand déclin a commencé
avec François Mitterrand, quatorze années de duperies et de mensonges au
sommet de l’état, suivies par les dix années d’inconsistance et de passivité
de Jacques Chirac (une présidence hôtelière, de type ‘Potel et Chabot’, à côté
de laquelle celle de Vincent Auriol apparaît comme l’Age d’Or de l’histoire de
France), ne peuvent laisser un pays indemne. Le poisson pourrit par la tête,
comme le dit le proverbe chinois.
Que retiendra l’histoire de la Présidence écourtée de Nicolas Sarkozy, la tâche de
redressement était si importante que l’impétrant ne pouvait que s’empêtrer.
Dès le départ son erreur fut de faire une politique de risettes aux adversaires qu’il
crut subjuguer – la droite est bête quand elle croit bien faire, ou plutôt pèche
souvent par angélisme – , Nicolas Sarkozy n’ayant pas compris que ses électeurs
attendaient une vraie politique de sécurité. Il n’a donc pas osé ; et sur ses 1820
jours passés a l’Elysée, 1800 furent consacrés a croire que sa réélection allait se
regagner au centre, résultat du lavage de cerveau laborieusement mené par
François Bayrou, mais efficacement relayé par les médias.
Il était temps au 1er mai 2012 de ressortir les drapeaux tricolores et de marteler
ce que les français dans leur majorité voulaient entendre, la nouvelle prise
de la Bastille du 6 mai laisse entrevoir l’avenir, il ne sera ni bleu, ni blanc et
certainement pas rose.
La raclée attendue n’a été qu’une honorable défaite, imputable aux traîtres,
François Bayrou d’abord et Nicolas Dupont-Aignan de façon résiduelle.
Marine Le Pen, ostracisée, a joué sa partition comme il fallait s’y attendre ; elle
est inexcusable d’avoir fait passer l’intérêt de son parti avant celui de son pays et
a sans doute commis une faute stratégique.
Faut il imaginer que la France fut riche pour aiguiser autant d’appétits, surtout
ceux de ces conseillers « intègres », de ces ministres « vertueux » qui serviteurs
ne savent que trop bien comment piller la maison .
Le couac de la passation de pouvoir entre les deux présidents a montré, outre le
mépris affiché par le nouveau Président pour le sortant, que François Hollande
manquait d’assurance, et d’élégance.
A l’image de ses premiers pas, erratiques sur le tapis rouge, incapable de
marcher de concert avec une Angela Merkel exaspérée, le nouveau président
nous promet un avenir chaotique, d’autant plus qu’il ne pourra bientôt plus
s’appuyer sur la haine des classes possédantes –délocalisées à Bruxelles, à Londres, et
à Genève – ni sur le régime fasciste précédent. Il ne lui reste plus qu’à en instaurer
un, beaucoup plus sournois.
Voici venue la revanche tant attendue du Service Public à la Française, véritable monstre juridique issu de l’après-guerre, que les dignitaires de l’ex-Union Sovitétique regardent avec incompréhension de façon attristée.
A bon entendeur , salut !
Auteur : Attale
c.c : C. Taubira